Nicolas Villodre – Blog Danzine / 12 octobre 2012

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Suite à la première représentation de Sous ma peau au Théâtre de l’Etoile du Nord, présenté du jeudi 11 au samedi 13 octobre 2012 dans le cadre du festival Avis de turbulences #8.

Pellicule de lumière
Dans le cadre de sa désormais fameuse série Avis de turbulences, L’Étoile du Nord a présenté deux pièces de chorégraphes femmes, l’une signée Françoise Tartinville, l’autre due à Maxence Rey.
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Maxence Rey n’est jamais décevante. Sa pièce, simplement, évidemment, intitulée Sous ma peau, n’est pas parfaite, bien sûr – cela n’arrive qu’exceptionnellement – , mais c’est déjà du très haut niveau. Telle quelle, elle fonctionne et pourrait s’exporter dans le monde entier – entendons-nous : dans celui non encore gouverné par des puritains de toutes sortes.
Selon nous, nul besoin n’était de quitter le régulier pour le séculier, la beauté plastique de ces corps modernes, féminins, contemporains, pour le cabotinage grimaçant d’un affrontement faussement effronté (aux connotations halpriniennes) n’ayant ni objet ni raison. L’hermétique pour l’explicite, l’idéel pour l’anecdotique, l’abstrait pour le figuratif, le poly pour le monosémique, l’équivoque pour l’univoque, le rêve pour le tangible, l’intemporel pour l’épisodique, l’absolu pour le narratif, la forme pour le contenu, le signifiant pour le signifié, le « tu l’auras » pour le « tiens », l’ombre pour la proie, la danse pour le théâtre.
Les trois interprètes, Leslie Mannès, Marie Pinguet et Maxence Rey elle-même sont, a posteriori, bel et bien différentes d’apparence mais leurs dissemblances sont adoucies, le show durant, par la lumière de Cyril Leclerc qui, avec la B.O. électro-acoustique de Vincent Brédif, ne cesse de rythmer la pièce, en parant les corps de couches délicates aux tons chaleureux ou, au contraire, en jouant sur des oppositions violentes qui permettent de détacher franchement, graphiquement, les silhouettes du fond neutre du théâtre. Le corps des danseuses étant, par définition, signe pur.
Les tricots de peau occultant leur visage rappellent moins les cagoules acidulées des Pussy Riot que les couches de suie des ramoneurs photographiés par Charles Nègre, revus et stylisés par Daniel Larrieu dans le court métrage produit par le musée d’Orsay, Quai Bourbon. Ce jeu de relatif cache-cache et cette symbolique tenue de camouflage a minima complètent le travail d’estompage des fondus et ouvertures au noir qui découpent toute la première partie de la chorégraphie à la manière d’un stroboscope détraqué alternant ses phases de clair-obscur sur un tempo larghissimo. De même, si velléité de teasing il y a certainement eu au départ, comme le montre quelque vestige ici ou là (poses lascives, perruques uniformes, bombage de torse et cambrure excessive façon Crazy, danse de discothèque à base de pointing, etc.), ce n’est pas ce qu’on retient de Sous ma peau, qui n’a rien d’estampeur, de canaille ou de fripon, comme on disait autrefois.

Loin de là.

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