Jérôme Delatour – Images de danse / 6 octobre 2009

/ / sur Les Bois de l'ombre / 6 octobre 2009

Suite à une étape de travail présentée sur invitation à Mains d’œuvres – 4 septembre 2009.

Pour son premier solo, encore tout juste ébauché, Maxence Rey a choisi un beau titre énigmatique ; à l’instar de sa coiffe étrange, évasée comme la couronne de la sublime Nefertiti. Baroque, lisse, son costume rappelle Goude et Decouflé, le glamour propre des années frime. Mais dans son regard monumental, je préfère croiser l’œil surréel des korè archaïques, mieux celui d’une cariatide, soutenant un temple invisible.

Sa tête semble porter ce poids immense et son œil nous jeter un sort. Nous sommes dans la théâtralité, un jeu de gestes et de pupilles. Maxence Rey cherche, dit-elle, « à être au plus près de l’humain dans sa fougue à être en vie, dans sa vulnérabilité et sa fragilité face à la mort ». J’ai senti tout autre chose, ou j’ai senti la même chose par d’autres chemins. Cette coiffe intrigante, ces poses raides, ce violent clair-obscur composent une figure hiératique, hors du temps et de la vie. A peine quelques mouvements triviaux tentent-ils de troubler cette image et de la rendre plus humaine. Vissée sur sa chaise, elle chuchote des choses inaudibles. Je ne démords pas du passé. C’est une sibylle, une de ces simples femmes par qui le monde caché parlait en les faisant trembler, un intercesseur.

Maxence Rey a beaucoup travaillé avec Isabelle Esposito, et cela se voit. De cette dernière je ne connais qu’un fragment de solo, mais avec lequel la parenté me paraît évidente : une femme, singulière, statique sur une chaise, habitant une sorte de monde parallèle, étrange. Attendons de voir quelle direction Maxence prendra désormais.

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