Guy Degeorges – Un soir ou un autre / 15 septembre 2009
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Suite à une étape de travail présentée sur invitation à Mains d’œuvres – 4 septembre 2009.
<…> D’abord la présence de l’interprète- c’est un fait : on n’oublie pas Maxence- en longueurs et étrangeté, l’attraction du visage, des yeux. Tous les mouvements partent de ces yeux. La théâtralité nait en cet endroit, sans vains bavardage. Rien n’est prononcé à voix haute (et c’est heureux), mais dans le texte- quand même je m’en souviens- il était question de vulnérabilité. Je m’en souviens, car si je ne l’avais pas lu je l’aurais sans doute de moi même formulé : le personnage se débat de quelque chose, femme muette et sidérée. L’intérêt, c’est que cette lutte se laisse tout juste deviner, sans l’aplatissement de l’évidence, pourtant l’action confinée dans l’espace de cette chaise, ses stricts alentours. Dans cet espace contraint : des éclats de paniques, des éclosions empêchées, des gestes échappés, des impressions renversées, bouleversées. Ce qui ne revient à ne rien dire sans évoquer la manière dont cela s’incarne : l’interprète semble éminemment extensible, élastique à tâtons, noire gainée, danse tout en lignes, se transforme, lance des ombres, en surprises et lenteur ménage des accélérations. Entre jambes et bras qui n’en finissent pas de s’allonger, le corps disparaît, les sensations fusent et s’évadent, et bizarrement c’est drôle, souvent. C’est du moins tout ce que je vois, mis à l’aise pour voir à un point que les interruptions et transitions encore à régler-il s’agit d’un filage- ne me troublent pas. J’en déduis que la composition est aboutie et concise (pas si évident pour un premier solo), bien équilibrée avec lumière et musique. Mais il y a aussi le costume et ce chapeau très étrange. Les accessoires s’imposent pour déterminer une temporalité… ambiguë. Ici c’est le concret qui crée l’inexpliqué, conjugué à la force d’évocation du corps, nous renvoie à rêver à des multiples et possibles références auxquelles le texte ne nous a pas préparés.
J’ai la chance de pouvoir discuter avec Maxence et ses invités autour d’un verre et de crocodiles en gélatine. Comme je peux lui dire que j’ai aimé ce que j’ai vu, la discussion est agréable. Pour autant, ce dont Maxence parle ne ressemble pas tout à fait au spectacle auquel j’ai pensé assister. Jérôme, en bon classique, a reconnu des dieux et déesses antiques, aussi et malgré cela des images d’élégantes des années 20. Moi-même, j’évoque des références à l’esthétique publicitaire de la fin du XX°. Mais ce que l’auteur redit de son solo: des expressions sous-jacentes d’angoisses, de morts et de décomposition… je me trouve plus à l’aise pour qualifier ainsi son travail d’interprète dans les pièces d’Isabelle Esposito, qui d’ailleurs est présente durant cette discussion! Tout est pour le mieux : la pièce commence à vivre et échapper à tout le monde (à la créatrice en premier). Je reverrai, bientôt, Les Bois de l’ombre, pour sûrement y revoir du nouveau.
C’était une étape de travail des Bois de l’ombre, de et par Maxence Rey, avec Cyril Leclerc (lumière) et Vincent Brédif (création sonore), en résidence à Mains d’Œuvres. La pièce sera présentée aux professionnels le 25 septembre, dans le cadre des plateaux de la Biennale de Danse du Val de Marne.
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